UN MONTPELLIÉRAIN SUR LE CELTMAN

Joachim Lopes de Lima, le vétérinaire lattois et licencié du Montpellier Triathlon a participé de bien belle manière à la 4ème édition du Celtman Extreme Scottish Triathlon en Ecosse le 27 juin dernier. Retour sur son parcours et cette course a jamais gravé en lui …

De quoi s’agit il ?

celtman_extreme_scottish_triathlonIl s’agit d’un triathlon format ironman a savoir 3,8 km de natation, 202 Km vélo suivit d’un marathon (42,2 km). Mais dans le cas du CELTMAN qui fait partie des 3 triathlons les plus difficile du monde, les particularités sont les conditions extrêmes : l’eau est 10°C et infesté de méduses géantes, le parcours vélo dans les montagnes des Highlands d’Ecosse sous la pluie froide et le vent permanent, le marathon se court, non pas sur le plat comme un triathlon traditionnel, mais en haute montagne avec 2000m de dénivelé positif.

Dîtes-nous d’abord votre classement, votre temps, celui des meilleurs …

J’ai fini 64ème sur 205 candidats expérimentés ou professionnels issus d’une 50aine de nations. Mon temps est de 16h29. J’ai le privilège de faire partie des 80 premiers concurrents arrivés avant la barrière horaire des 11h au 18ème kilomètre de course à pied permettant ainsi d’effectuer le parcours prestigieux et technique de montagne et d’obtenir le sacré saint tee-shirt bleu tant convoité sur cette course ! Les autres concurrent qui dépassent cette barrière sont déviés sur un parcours moins compliqué, plus bas et obtiennent le maillot blanc ou sont éliminés s’ils dépassent cette barrière horaire après 13h de course. Les 2 meilleurs concurrents, tous professionnels, bouclent ce triathlon incroyable en 12h environ pour les hommes et 14h30 pour les femmes. L’écart de temps se fait essentiellement sur le vélo. Personnellement mon temps de natation, d’une heure, avoisine celui des finalistes, en revanche l’écart vélo dépasse largement l’heure et demi sur ces professionnels !

Est-ce que le parcours a été aussi difficile que vous le pensiez ?

Sincèrement oui. Les épreuves des autres années nous informent clairement de ce qui nous attend et, même si je me suis bien préparé, les difficultés sont bien au rendez vous et la nature hostile écossaise n’est guère clémente  et ne fait pas de cadeau ! Je suis allé vraiment au bout de moi-même..

Des trois disciplines laquelle vous a donné le plus de mal ?

Mountain running in ScotlandLes 3,8km de natation en eau glacée me faisaient, j’avoue, un peu frémir … Les vidéos des années précédentes montraient des concurrents sortir bleus et congelés, mettant parfois plus de 20 minutes pour pouvoir se réchauffer pour reprendre le vélo, 8 candidats avaient même du appeler l’assistance en pleine mer paralysés par le froid et contraint d’abandonner l’épreuve ! Mes heures d’entrainement me laissant que peu de graisse protectrice j’étais anxieux. Mais paradoxalement je n’ai rien ressenti et suis sorti sans avoir froid avec 15 minutes d’avance sur mon temps de référence en plus, rendant les boissons chaude et autres bouillotes préparés par mon staff à l’arrivée natation inutiles ! J’imagine que la motivation et mes entrainements d’hiver à Palavas ont payé ! Pour le vélo les premiers 130 km se sont vraiment bien déroulés avec une très bonne moyenne malgré la pluie intermittente avec pour support motivant des paysages époustouflants : fjord, villages typiques, forets somptueuses… Les 70km restant ont été en revanche un vrai chemin de croix pour tous, l’orientation de la course nous a amené sur des faux plats face à un vent soutenu et humide baissant dangereusement notre moyenne horaire. A chaque contrôle de compteur je voyais mon maillot bleu devenir de plus en plus inaccessible. Mais ce qui ma donné le plus de mal c’est réellement les 18km de course à pied après le vélo puisque il ne me restait que 2 heures pour arriver jusqu’à la fameuse barrière horaire des 11 heures pour le maillot bleu sur un parcours de trail boueux et peu roulant sachant que j’ai terminé le vélo « en force » sans ménager un peu mes jambes comme j’aurais du. Même si je savais que la course à pied était mon point fort et que la moyenne d’un peu plus de 9 km/h pour accédé a temps était suffisante, j’étais inquiet par mes jambes lourdes et le terrain ingrat. Heureusement les encouragements de mon staff, m’ont aussi donnés des ailes pour boucler cette première partie du marathon en 1h48 avec 15 petites minutes de marge avant la fermeture de la partie montagneuse.

Comment s’effectue le départ des 200 concurrents de l’épreuve de natation. Y avait-il des méduses comme annoncé ?

celtman_extreme_scottish_triathlon_natationAprès s’être équipé avec la combinaison étanche un bus nous amène à l’opposé du fjord dans une zone isolé avec une ambiance celtique quasi fantastique avec des feux allumés autour de la zone de départ, des percussion écossaises, des midges ou moucherons écossais qui vous agresse les mains et le visage. Il est 4H15 du matin, il fait déjà jour à cette latitude, l’eau du fjord avoisine les 10°C comme la température extérieur ! Les méduses géantes sont évidement au rendez vous dès le départ donné et elles nous accompagnerons jusqu’à la fin, les pommades protectrices placées avant ma mise a l’eau auront été efficaces !

Avez-vous pensé un moment à tout arrêter ? Comment résiste-t-on à la fatigue et au manque de sommeil ?

Non jamais, même si pendant ces 6 mois de préparation il y a eu des moments de doute de ne pas être à la hauteur sachant que je pratique depuis peu le triathlon et que je ne suis qu’un modeste amateur. Pendant la course j’étais en mode guerrier et rien, sauf blessure ou accident, n’aurait pu m’arrêter, cela fait partie de la préparation psychologique de la course. Aussi, le mental prenant le dessus on ne ressent ni fatigue ni manque de sommeil. Néanmoins j’ai ralenti les entrainements 10 jours avant le départ pour « faire du jus » et les 48heures d’avant course sont en mode relax et repos.

Comment se restaure-t-on et que mangez-vous pendant toutes ces heures ?

Le régime d’avant course est hyperglucidique avec des sucres lents (riz, pâtes). Le matin avant la natation porridge locale 1h30 avant le départ puis je me suis alimenté toutes les demi heures sans descendre du vélo à l’aide de barre de céréales, sandwich, boisson énergétiques. Manger et boire régulièrement sont les clès de la réussite d’un triathlon extrême.

Qui vous accompagnait, son rôle ou leur rôle ? Est-il déterminant ?

celtman_extreme_scottish_triathlon_veloL’organisation impose un staff de 2 personnes accompagnatrices, une pour la sortie de l’eau et le suivit vélo en voiture, l’autre pour me suivre en montagne qui est très engagés techniquement. Trois personnes me soutenaient, ma fille Leslie qui habite en écosse s’occupait de la logistique, son compagnon Alexis marathonien m’a suivit en course à pied, Antoine mon équipier habituel à géré toute la partie vélo et ascension montagne. Leur rôle est fondamental dans cette course en autonomie complète, sans leur encouragement et leur assistance impossible d’aller au bout, je leur rends hommage. Il faut savoir par exemple que le parcours montagne en plus d’être très difficile n’est pas balisé et que la présence d’un staff a ses cotés évite bien des erreurs de parcours surtout avec fatigue..

Prêt à recommencer ? Quel sera votre prochain défi et quand, ou êtes vous calmé pour quelque temps ?

Pas sur, j’aime les défis extrêmes mais une seule fois ! N’ayant pas de triathlon plus extrême que le Celtman mon prochain défit sera plus « chaud » puisque je serais au départ du marathon des sables en avril 2016 pour une course à pied de 6 jours en autonomie complète dans le désert marocain !

Qu’est-ce qui vous fait courir ainsi ? Que cherchez vous vraiment ?

Bonne question ! Difficile de répondre, tout se passe dans la tête… Probablement mon gout pour les défis et l’aventure, le plaisir de se surpasser et d’aller puiser des ressources physiques et surtout mentales insoupçonnées et l’immense fierté de jouer dans la cour des professionnels. C’est aussi une évasion nécessaire pour me ressourcer de la tension de mon métier de vétérinaire qui en plus de me passionner me demande une concentration permanente.

Le site officiel de la course.
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